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Pénurie des produits alimentaires de base... Dire la vérité et agir

L'ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, le président de l'Organisation de défense du consommateur (ODC), Ammar Dhia et Layth Ben Bech, fondateur du Syndicat tunisien des agriculteurs tunisiens, étaient les invités de Midi Show, ce vendredi 11 mars 2022.

Leur débat a porté sur les raisons de la pénurie de certains produits alimentaires de base, ainsi que de la hausse des prix et des éventuelles solutions proposées pour faire face à ce problème.

La spéculation n'est qu'une partie du problème

Mohsen Hassan a estimé que la spéculation représente une partie du problème et que d'autres raisons sont derrière la pénurie de plusieurs aliments de base.

"La spéculation, la corruption et la contrebande existent bel et bien, mais il y a d'autres facteurs qu'il faut prendre en considération, notamment la guerre en Ukraine. Cette dernière va affecter l'économie. Il ne faut pas omettre que l'Ukraine et la Russie fournissent environ 30% des besoins alimentaires dans le monde.", a-t-il expliqué.

Selon l'ancien ministre, la Tunisie n'est pas à l'abri des répercussions de cette guerre, d'un point de vue alimentaire..

"Aujourd'hui,i nous importons près de la moitié de nos besoins en blé.. Nous sommes un pays qui n'a pas la capacité de stocker. ll faut aussi dire que la Tunisie connaît une crise de finances publiques qui s'est répercutée sur les institutions chargées des achats..'', a-t-il noté.

Dans ce contexte, Hassan a estimé que la situation est très critique, soulignant que l'Etat devrait, soit revoir à la hausse le budget consacré à la subvention des matières subventionnées, soit augmenter les prix des aliments de base. subventionnés.

Et d'ajouter : "Malheureusement, le gouvernement n'est pas conscient de la gravité de cette situation. Il faut trouver des solutions pour fournir la nourriture et les médicaments... Nous devons obtenir de l'argent pour pouvoir, par la suite, obtenir du blé pour le peuple."


En réponse aux récentes déclarations du président de la République, Kais Saïed, qui avait appelé à la nécessité d'affronter le fléau de la spéculation, en assurant que l’heure zéro avait sonné et que les unités sécuritaires se sont lancées pour combattre les responsables de la pénurie des matières de base, Hassan  a considéré qu'il fallait plutôt aller au ministère du Commerce et non à celui de l'Intérieur.

"Il aurait dû  se déplacer au département du Commerce pour soutenir les équipes de contrôle économique"

 

Il faut dire la vérité au peuple !


Pour sa part, le président de l'Organisation de défense du consommateur (ODC), Ammar Dhia, a indiqué que le Tunisien est intelligent, estimant que ce dernier devient de plus en plus nonchalant quant à l'idée d'établir des réformes, parce qu'il voit la petite corruption et la spéculation devenir des phénomènes très répandus dans la société.

"Le citoyen se demande pourquoi c'est à lui, tout seul, d'aller vers des réformes alors que la corruption est partout", a expliqué le président de l'ODC.

Selon Dhia, le Tunisien a perdu espoir, parce qu'il ignore ce qui se passe réellement, soulignant que chaque citoyen a le droit d'être informé de ce qui se passe dans le pays et dans le monde.


Dans cette optique, Dhia a considéré que tout le monde est concerné, citoyens et responsables.

"Les efforts devraient être déployés pour qu'on trouve, tous ensemble, des solutions pour dépasser la crise que le pays traverse.", a-t-il affirmé.

 La Tunisie n'a pas réussi à garantir sa sécurité alimentaire

Layth Ben Bech, fondateur du Syndicat tunisien des agriculteurs tunisiens, a estimé, quant à lui, que la Tunisie n'a pas réussi à garantir sa sécurité alimentaire en raison de l'absence d'une politique agricole.

"Depuis les années 60, on a donné plus d'importance aux citadins au détriment des agriculteurs, vu que les salaires étaient très bas à l'époque, mais aujourd'hui les données ont changé", a-t-il souligné, précisant qu'il faut, certes, veiller à la nourriture des citoyens mais aussi à ce que l'agriculteur gagne, également.

Il a, dans ce contexte, préconisé que les autorités élaborent une politique agricole complète, "car la Tunisie possède suffisamment de terres pour de grandes cultures, qui peuvent couvrir les trois quarts des besoins alimentaires des Tunisiens".

Il a, par ailleurs, appelé à rationaliser la consommation, à revoir les subventions et à penser aux pistes parallèles", selon ses dires.

Dorsaf Lâameri